Thomas LUCAS
Doctorant en 2ème année

Sujet de Thèse :

Indexation des éléments significatifs d’une musique enregistrée en vue du contrôle temporel précis de son déroulement

Encadrement :

Directeur de Thèse

Christophe d'Alessandro

Co-encadrant

Serge De Laubier

Partenaires :

Résumé du sujet :

La conception de systèmes interactifs sonores est une tâche complexe. Le choix du matériel sonore, de l’interface logicielle, de l’interface tangible ainsi que des mapping gestuels associés sont le fruit d’une combinaison de plusieurs facteurs souvent difficiles à identifier. Dans ce travail de recherche nous souhaitons aborder certaines problématiques propres à la conception de tels systèmes par le prisme des musiques enregistrées.

Dans la démarche du compositeur, les musiques enregistrées sont souvent utilisées comme du matériel sonore que l’on découpe, analyse, modifie et rejoue de façon plus ou moins spatialisée. Par- fois placée au sein d’une orchestration instrumentale à la manière d’un sample, ces enregistrements peuvent aussi devenir des matériaux exclusifs pour la composition. L’idée étant ici de rejouer l’enregistrement en intégrant des paramètres d’expressivité sur certains éléments significatifs déter- minés au préalable, la démarche qui nous intéresse ici n’est plus celle du compositeur mais plutôt celle de l’interprète. L’écoute devient active : l’auditeur interagit avec le déroulement temporel de la musique enregistrée et propose une interprétation plus personnelle de sa relecture.

Pour aborder la complexité des problématiques liées à de tels systèmes il est important de souligner les deux axes majeurs de nos recherches: d’un coté la détermination des éléments signifi- catifs et de l’autre l’exploration des possibilités d’interactions avec de tels systèmes. Les technologies de MIR utilisées par l’ingénieur en traitement du signal pour analyser, ren- seigner et ordonner les bases de données audio des serveurs informatiques, sont aussi de précieux outils pour le chercheur en musicologie. Mettant en évidence certaines évolutions physiques d’un paramètre du son, ces technologies sont utilisées pour comprendre l’aspect structurel et parfois même poïétique d’une pièce musicale enregistrée. Bien que la détermination d’éléments significatifs d’un enregistrement soit essentiellement guidée par l’expérience et la sensibilité musicale de l’utilisateur, l’analyse d’un contenu audio par les technologies de MIR permet de récupérer de nombreuses informations concordantes avec l’évolution de paramètres du discours musicale, c’est pourquoi nous les utiliserons pour assister la recherche de ces éléments. Par exemple lors du place- ment d’index pour contrôler temporellement le déroulement d’un enregistrement de la Gymnopédie No.1 d’Erik Satie l’utilisation d’un algorithme de détection d’Onset a été utilisé. Chaque début de note étant automatiquement relevé, nous obtenons une collection d’index permettant le contrôle du déroulement à l’échelle de la noires.

Dans les systèmes que nous étudions, l’utilisateur de part sa sensibilité et son expérience musicale choisit sa propre interprétation en contrôlant certains paramètres articulant le passage d’un index à l’autre. Les particularités visuelles et tangibles de l’interface avec laquelle il interagit sont des facteurs déterminant pour le geste instrumental qu’il utilisera. Conscient que les actions nécessitent une perception simultanée et conséquente et que ces perceptions guident et informent les actions, le savoir incarné de l’utilisateur est aussi un facteur déterminant dans le choix du geste instrumental qu’il utilisera. Parmi les différentes théories conceptualisant le développement de systèmes interactifs sonores, certaines approches s’inspirant des théories énactivistes tiennent compte de ce savoir incarné. Il sera alors intéressant pour nous d’observer de tels systèmes par le prisme de ces approches pour mieux comprendre les relations complexes entre action et perception qui guident l’expérience cognitive d’un musicien face à son instrument.